Oyoyel Lonàn (maé) [Sorts: Masque ✓]

Oyoyel ne possède pas grand-chose, si ce n’est une besace dans laquelle se trouvent ses outils de récolte, des fioles, des petites bourses, remplies ou non de plantes et associés. S’y trouve aussi deux livres, l’un ayant ses pages noircies par diverses mains et parlant de plantes mais aussi de leurs vertus, diverses utilisations, etc. Le deuxième est encore en partie vide, et la seule écriture qui s’y trouve est celle d’Oyoyel. Il lui sert pour noter ses découvertes en matière de plantes.

Elle mesure 1m65 environ, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Ses cheveux sont noirs, et longs. La tresse est la coiffure la plus simple pour les dompter, mais les laisser libre lui arrive bien souvent aussi. Ses yeux sont tout aussi sombres que ses cheveux.
Sa vie à la caravane, à aller dans les Terres Neutres, à parcourir montagnes, forêts et plaines, à travailler dans les champs à petit à petit sculpter son corps : sans être pour autant une athlète, cette vie lui a donné une bonne condition physique.

La curiosité est un trait fort de sa personnalité. N’ayant jamais été bridée jusqu’à maintenant, elle ne connait guère de limite pour l’assouvir, si tant est que la façon d’arriver à ses fins ne soit pas pénalisante pour d’autres. Ayant passée sa vie dans la caravane, elle en a appris les codes, notamment l’entraide, et le travail bien fait.
De sa jeunesse muette lui reste le manque de mot. Pourtant, elle sait parler, parfois même beaucoup, mais trouver les mots justes, notamment concernant ses sentiments, est un travail laborieux. A cela s’ajoute une confiance en elle partagée, vacillant entre l’excès de confiance par moment, et l’absence de confiance par d’autres. Certains appelleraient cela des sautes d’humeur.
Elle ne connait du monde que ce qu’elle a vu dans les Terres Neutres, et ce qu’elle a entendu dans les villes traversées avec la caravane. Sans doute sera-t-elle considérée comme ingénue en dehors de ce territoire connu.

La caravane avait une route précise, et ce depuis de nombreuses années maintenant. Petit à petit, à force de travail, elle avait réussi à se créer une place particulière dans certains villages des Terres Neutres. Leur trajet était toujours le même, au fil des ans.

Tout commençait à Mereth. Le mois d’Estel enfin terminé, le temps devenant plus clément, la caravane entreprenait un long voyage, quittant Merodoc en direction du Golf du Médian. Le trajet était rude, d’autant plus que la nourriture leur faisait souvent défaut. De toute l’année, c’était ce passage ci, ce moment où la caravane quittait Merodoc, que tous craignaient. Mais, dans le même temps, ce mois apportait un renouveau bienvenu pour chacun des caravaniers. Leur univers changeait alors. Au fil de leurs pas, les couleurs apparaissaient. Comme une renaissance que la nature leur permettait d’observer.

Selon l’état de leurs provisions, il arrivait à la caravane de passer par Belpic avant de continuer droit au sud vers le Golf. Le pas se faisait plus vif le dernier jour du voyage. Même les chevaux semblaient comprendre qu’ils en avaient bientôt fini de ce trajet. Et puis, soudain, leur horizon s’étendait, s’étendait… Et, tel un rituel, la caravane s’arrêtait. Tous descendaient, de cheval, de roulote. Des sourires fugaces apparaissaient sur les visages rendus durs par les années.

L’eau était là. A perte de vue. Juste à leurs pieds – ou presque. Et ils respiraient, à plein poumons. Fort. Comme pour absorber la puissance des flots qui s’étendaient devant eux.

Puis, quand tous étaient rassasiés de cette vue, de ces odeurs, la caravane finissait le peu de chemin qui lui restait. Comme à son habitude, elle s’installait un peu en marge de la ville. Les choses se faisaient simplement, sans que personne ne se pose de questions. Tout était défini, de père en fille, de mère en fils, ou inversement. Les chefs de la caravane allaient en ville, retrouver ceux qu’ils connaissaient, voir s’ils étaient toujours acceptés par ici, s’il y avait assez de travail pour commencer une nouvelle année. Pendant ce temps, au campement, on s’organisait. Monter les tentes pour ceux qui n’avaient pas de caravanes. Voir où en étaient les provisions afin d’acheter en priorité de quoi nourrir tout le monde. Les tâches ne manquaient pas, mais chacun savait où se trouvait sa place.

Les activités étaient toujours les même en ce mois de Mereth : réparation des bateaux qui avaient subi des dégâts durant Estel, la pêche, qui recommençait doucement à mesure que le mois avançait, et tout autre travail que les caravaniers arrivaient à trouver dans la cité.

C’était dans une de ces cités au bord du Golf que les parents d’Oyoyel s’étaient rencontrés. La mère était fille et petite-fille de caravanière. Le père lui un ancien pêcheur, qui avait quitté sa vie dure en mer, pour une vie dure sur terre. Mereth était le mois qui lui permettait de retrouver cette eau qu’il avait tant aimé, qui l’avait nourri.

Hasard ou destinée, Oyoyel était née dans une de ces villes littorales, quelques années après leur rencontre. Peu importait qu’elle ne soit qu’un nouveau-né, la caravane n’attendait pas. Il fallait aller dans les plaines à l’Est des Terres Neutres avant Aman, car ce mois déterminait leur chance de pouvoir revenir à Merodoc, mais surtout y rester sans avoir à mendier.

La traversée de la forêt principale des Terres Neutres était toujours source de plaisir pour la caravane. Il était en effet facile d’y vivre, d’y chasser, et ainsi de renouveler leurs habits et chausses sans avoir à dépenser l’argent que leur travail au Golf leur avait permis d’amasser. A ces économies s’ajoutaient l’argent qu’ils gagnaient en travaillant dans les champs, les vergers ou les vignes. Ainsi se passait Aman pour la caravane.

Les dernières semaines du mois étaient consacrées aux préparatifs avant de bouger encore une fois, pour le nord cette fois-ci. La majeure partie de l’argent partait dans l’achat de grains de toutes sortes, de ressources sylvicoles, et toute autre provision se conservant plusieurs mois.

Puis, de nouveau, la route. Le Nord, les montagnes au centre des Terres Neutres. A ce stade de son voyage, la caravane se posait moins longtemps. A mesure que Fea passait, les provisions diminuaient, remplacées par des fourrures de qualité, des pierres dont la valeur baissait à mesure que les ressources à échanger s’amenuisaient.

Il fallait ensuite rentrer à Merodoc avant qu’Estel ne revienne. Avant, surtout, de se faire prendre au piège en montagne. Là, la caravane ne restait pas à l’écart. Mieux valait se trouver bien à l’abri, sans quoi les pertes pouvaient être sévères. Les fourrures et les pierres étaient facilement revendues dans cette cité, et permettait de passer Estel en sécurité.

C’est dans cet univers qu’Oyoyel grandit, entre plaines et montagnes, mer et forêts. Enfant curieuse, sa rencontre avec un terratorne dans les plaines des Terres Neutres lui fit perdre la parole pendant de nombreuses années. Elle perdit donc sa voix, mais pas sa curiosité. Mereth vit sa découverte de l’herboristerie alors qu’elle n’était âgée que de neuf ans. En effet, quand elle le pouvait, elle courait les ruelles de ces bourgades littorales, ivre de découverte.

La boutique de l’herboriste du coin l’attira immédiatement, mais elle n’osa y entrer qu’après plusieurs jours d’observation. La dame qui y travaillait, entre deux âges, ne lui demanda rien, ne lui parla pas, ne fit pas mine de la remarquer. Elle continua simplement ce qu’elle faisait, et c’est par cette attitude qu’elle apprivoisa la jeune fille.

Chaque année, Oyoyel revenait à la boutique et devenait, pour le temps que durait Mereth, apprentie herboriste. Bien qu’Oyoyel présenta un intérêt et des compétences fortes dans ce domaine, ce fut un tout autre sujet qui lui permis de parler de nouveau.

La caravane s’était arrêtée pour quelques jours en forêt, lors d’une année où le gibier était plus abondant qu’auparavant. Ce n’était bien sûr pas la première fois qu’Oyoyel voyait un elfe. Vivre ainsi, à parcourir les Terres Neutres, lui avait permis de découvrir certaines autres races existantes, de les côtoyer. Elle avait même, après avoir recouvert la parole, appris quelques rudiments de langues elfiques ou naines. Mais avant d’apprendre, il lui fallait retrouver la parole.

Tous à la caravane s’étaient habitués à ne pas l’entendre, elle la première. Elle ne savait pas vraiment comment utiliser tous ces mots qu’elle entendait, ni comment trouver ceux qu’il fallait pour qu’elle s’exprime, pour qu’elle fasse comprendre aux autres ce qu’elle ressentait.

Il est étrange qu’un elfe ait pu l’aider. Était-ce de la pitié ? Oyoyel n’aurait su le dire, ni lorsque cela arriva, ni plus tard, lorsqu’elle grandit. Il lui montra une chose qui la captiva, l’émerveilla, et lui donna envie de mettre en mot cette sensation.

Les parents d’Oyoyel décidèrent de rester en arrière, dans cette forêt, tandis que la caravane continuait sa route. Sans doute sentirent-ils que cette rencontre avait son importance. Un étrange lien s’établit entre la jeune fille et l’elfe, qui lui apprit ce qu’il lui avait montré : la zoomancie. Elle ne souhaitait pas contrôler un animal, voir à travers lui, ou le comprendre. La seule chose qu’elle souhaitait, c’était attirer à elle les petits oiseaux qu’elle voyait voler durant ses voyages. Les attirer à elle, les voir se poser sur sa main, puis les regarder s’envoler, retourner dans les cieux…

L'elfe voyait-il en elle une probable disciple, était-ce de la pitié, une envie de partager ce qu'il avait appris durant toutes ces années de vie ? Ni l'un ni l'autre n'abordèrent réellement la question. L'elfe se contentait de lui expliquer, avec toute la simplicité dont il était capable, l'art qu'elle souhaitait apprendre. Il semblait comprendre l'importance que cela allait avoir pour elle. Un jour, il décida de lui montrer comment appeler les oiseaux. Lorsqu'un merle se posa sur ses doigts, Oyoyel parla, dans un chuchotement. Les mots qu’elle prononça ne furent pas ce qui importa, ce dont ses parents se souvinrent…

Suite à cette rencontre, elle se remit à parler, et continua à s’entrainer avec les bases que l’elfe lui avait appris, sans vraiment chercher à étendre ses compétences, ni les animaux qu’elle souhaitait attirer à elle. Seuls les oiseaux l’intéressaient. Conscient de ce que l'elfe avait fait pour leur fille, les parents de Oyoyel acceptèrent de la laisser chaque année, pour Aman, dans cette forêt. Son apprentissage était lent, ponctué par les nombreuses questions de la jeune fille.

La vie d'Oyoyel fut ainsi partagée entre l'herboristerie à Mereth, la magie à Aman, et la vie de la caravane les deux autres mois de l'année. L'elfe, bien que patient, n'arriva jamais à intéresser la jeune fille pour une autre magie. L’herboristerie prit, quant à elle, une importance croissante, une place forte dans sa vie.

Ce fut cela qui la fit quitter la caravane, l’envie de connaitre les plantes. Toutes les plantes. Pas seulement celles des Terres Neutres ou celles que certains marchands ou voyageurs ramenaient d’ailleurs.

Après une relecture, je ne vois plus aucun inconvénient à ta fiche. Donc....